VAE : l’expérience vaut diplôme

iconeExtrait du magazine n°503

La VAE (validation des acquis de l’expérience) est un moyen d’obtenir un diplôme, une certification ou un titre professionnel sans avoir à reprendre des études. En voie de simplification, ce dispositif est une option à ne pas négliger.

Par Claire Nillus— Publié le 03/05/2024 à 09h00

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© Andia

Transformer son expérience professionnelle ou extraprofessionnelle en diplôme ou certification, c’est possible depuis 2002 grâce à la validation des acquis de l’expérience (VAE). Si quelque 360 000 candidats ont bénéficié du dispositif depuis sa création, les chiffres stagnent. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de le simplifier et de le moderniser. L’expérimentation de la nouvelle formule a commencé le 1er janvier 2024 et se poursuivra jusqu’à la fin de l’année mais le parcours des postulants reste le même, organisé en trois grandes étapes : faire acte de candidature, constituer un dossier, passer un entretien devant un jury pour le valider.

Qui peut passer une VAE ?

Toute personne –quels que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation– justifiant d’une expérience en rapport direct avec la certification qu’elle vise peut prétendre à une VAE: salariés en CDI, CDD, intérimaires, bénévoles, sportifs de haut niveau, responsables syndicaux, élus locaux. Pour l’heure, 200certifications sont couvertes dans quatre filières: sanitaire et social, grande distribution, industrie métallurgique, métiers du sport. D’autres seront ajoutées dans l’année.

“La VAE valide une expérience mais ne dispense pas d’acquérir par ailleurs des connaissances théoriques.”

Guillaume, agent de la fonction publique territoriale.

«Obtenir un diplôme sans avoir à cesser de travailler et pouvoir continuer à payer mon loyer, c’était très intéressant pour moi», déclare Guillaume, qui était contractuel dans la fonction publique territoriale quand il a décidé de passer sa VAE. Avec un dossier mettant en avant ses expériences en tant qu’animateur et directeur de centre de loisirs, il a obtenu son BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport), lequel lui a permis d’accéder à un poste d’animateur territorial de catégorieB. Pour quel coût? «Le prix des timbres, c’est tout. Je recommande fortement la VAE. Il faut savoir néanmoins qu’elle valide une expérience mais ne dispense pas d’acquérir par ailleurs des connaissances théoriques pour lesquelles un accompagnement peut être nécessaire.»

L’accompagnement, clé de la réussite

Le Syndicat CFDT Santé-Sociaux du Cher accompagne des candidats à la VAE depuis 2009. Trois militantes, dont l’une fait partie d’un jury de VAE, font profiter d’autres salariés de leur expérience. «Depuis la mise en place de ce service, une cinquantaine d’ASH [aide-soignant en milieu hospitalier] faisant fonction d’aide-soignant ont réussi à obtenir leur diplôme d’État», se félicite Habiba Azouzi, secrétaire générale du syndicat.

Leur accompagnement commence dès l’inscription et comprend, outre l’aide à la rédaction du dossier, des entraînements à l’oral et des apprentissages (vocabulaire professionnel, paramètres vitaux de base…). À l’hôpital d’Auxerre, la section CFDT a même réussi à faire inscrire ces heures d’accompagnement par leur employeur au titre de la formation continue.

«C’est un véritable plus car l’accompagnement est la clé de la réussite. Beaucoup de candidats à la VAE ont dû payer des organismes accompagnateurs, et le compte personnel de formation ne suffisait pas toujours à couvrir les frais engagés. Or, selon les cas, il n’est pas facile de faire concorder son expérience de terrain avec le contenu de la certification souhaitée», note Séverine Garandeau-Martin, secrétaire confédérale. C’est précisément ce que vise le nouveau dispositif en expérimentation via le portail «France VAE».

Les contours de la nouvelle VAE

La VAE modernisée et simplifiée qui se déploie progressivement comporte de substantielles modifications. Tout d’abord, l’année requise d’expérience professionnelle minimale en lien avec la certification visée n’est plus nécessaire. Ensuite, toute personne doit obligatoirement être accompagnée par un professionnel dès le début de son parcours, et ce, gratuitement. Au moment de l’inscription, le candidat choisit un organisme certifié qui doit le recontacter dans les deux semaines suivantes. L’accompagnateur le conseille sur le choix du diplôme, l’aide à la constitution du dossier et la préparation de son passage devant le jury. Il a également un rôle administratif et se charge des demandes liées à d’éventuelles formations courtes et nécessaires en vue de l’obtention du diplôme. Enfin, il s’occupe de communiquer le dossier à la structure chargée de la délivrance du diplôme visé.

Au final, ce parcours peut prendre entre six mois et un an, selon le temps que l’on peut y consacrer. Car, sauf accord d’entreprise, les salariés se préparent en dehors de leurs heures de travail. Ils peuvent demander un congé de VAE, mais celui-ci ne peut excéder quarante-huit heures au total. Pour les aider dans ce parcours, les représentants du personnel ont donc tout intérêt à négocier pour que l’employeur intègre les démarches de VAE dans son plan de développement des compétences.

Un centre d’accompagnement à la VAE militante

L’expérience militante est complexe à identifier, et la validation parfois difficile à obtenir. C’est le constat de l’Institut régional du travail d’Occitanie (IRT), situé à Toulouse, qui a créé en 2018 un centre d’accompagnement à la VAE militante (VAEM). Fruit d’un partenariat avec la Région et la Dreets Occitanie (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), cette structure unique en France accompagne gratuitement les candidats à la VAEM.

En augmentant les chances de réussite, l’IRT de Toulouse aide à la sécurisation des parcours militants et constitue une réponse aux besoins de renouvellement des équipes syndicales. « S’engager à la CFDT ne doit pas être un frein à la carrière professionnelle, c’est au contraire une démarche qu’il faut absolument valoriser, et nous travaillons en lien avec l’IRT pour enrichir les connaissances des certificateurs sur l’engagement militant », souligne Éloïse Arrighi, secrétaire générale adjointe de la CFDT-Occitanie. En 2022, 72 militants, bénévoles associatifs et élus locaux, ont été accueillis. Les syndicalistes représentaient les deux tiers des candidats à la VAE.