Retraites : la CFDT fixe trois grandes priorités

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iconeExtrait de l’hebdo n°3951

Avant d’entrer dans le vif de la négociation retraites, la CFDT a tenu à faire connaître les trois sujets prioritaires sur lesquels elle souhaite avancer : les 64 ans, la pénibilité et les inégalités femmes-hommes. Elle a, en outre, posé les bases d’une discussion loyale et transparente.

Par Jérôme Citron— Publié le 04/02/2025 à 13h00

La conférence de presse donnée par Marylise Léon au sujet de la concertation retraites a eu lieu le 28 janvier dernier.
La conférence de presse donnée par Marylise Léon au sujet de la concertation retraites a eu lieu le 28 janvier dernier.© Syndheb

Alors que les partenaires sociaux s’apprêtent à rediscuter du système français de retraites, la CFDT a fait preuve de clarté et de transparence lors d’une conférence de presse organisée le 28 janvier. Marylise Léon est ainsi revenue publiquement sur les trois grandes priorités de la CFDT et le cadre dans lequel elle souhaite que les discussions se tiennent.

Trois sujets prioritaires…

La négociation doit d’abord permettre d’obtenir un bougé sur l’âge minimal de départ. « Nous sommes toujours farouchement opposés aux 64 ans. Ce décalage de deux ans a apporté de l’injustice à un système qui contenait déjà de nombreux éléments d’injustice », affirme la secrétaire générale.

La discussion à venir doit également permettre de reconnaître la pénibilité de certains métiers. Rappelons que, depuis 2017, les quatre critères de pénibilité que sont le port de charges, les vibrations, les postures pénibles et les agents chimiques ont été exclus du système couvrant 90 % des déclarations de maladies professionnelles. « Nous devons trouver des solutions pour répondre à la question de la pénibilité au travail. Ce sujet est encore mal traité dans le système aujourd’hui », résume Marylise Léon.

Enfin, la CFDT souhaite réparer l’injustice faite aux femmes ayant eu des enfants lors de la dernière réforme : elles ont été « les grandes perdantes » du décalage de l’âge minimal de départ à la retraite.

… Et trois préalables à la discussion

Voulant se donner les moyens d’aboutir, la CFDT a également formulé trois exigences. D’abord, elle souhaite que les discussions puissent se fonder sur un diagnostic partagé. La question de la retraite des agents publics doit notamment être traitée de manière séparée, puisque celle-ci n’obéit pas aux mêmes règles que dans le secteur privé. Il est donc déloyal de comparer les taux de cotisations des deux systèmes, comme l’a suggéré le Premier ministre, qui ne cesse de parler d’un déficit de 30 milliards d’euros. « Il faut en finir avec cette fable. L’État employeur doit prendre ses responsabilités en ouvrant une négociation spécifique », clame Marylise Léon. La CFDT insiste d’ailleurs pour que le rapport que doit rendre la Cour des comptes le 19 février s’appuie sur les travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR). Et ce rapport doit dresser un constat et non faire des propositions de réforme à la place des partenaires sociaux.

Deuxième exigence : à côté de cet état des lieux financier devra figurer un diagnostic social faisant le bilan des injustices liées au système de retraites. Pour le dire autrement, il est fondamental, au moment de rouvrir les discussions, de savoir précisément qui est en incapacité, qui est en inaptitude, qui est au chômage, etc. « Le solde financier est important mais il ne peut pas être la seule boussole », insiste la secrétaire générale.

Enfin, la troisième exigence consiste en l’ouverture en parallèle d’une négociation relative au travail. La retraite étant le reflet d’une carrière professionnelle, il n’est possible de s’attaquer à certaines injustices du système de retraite qu’en traitant le sujet en amont ; pensons par exemple à l’emploi des seniors ou aux inégalités hommes-femmes.

À propos de l'auteur

Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

La secrétaire générale de la CFDT a conclu cette conférence par un message à la fois constructif et volontariste qui résume l’état d’esprit de l’organisation à quelques semaines de l’ouverture de la négociation proprement dite : « En 2023, les salariés ont demandé écoute, respect et considération. Ils n’ont pas été entendus à ce moment-là. La période qui s’ouvre doit apporter enfin des réponses concrètes aux revendications qui se sont alors exprimées. »

Pour en savoir plus sur la négociation à venir…

Retenez cette date ! le mercredi 5 février, de 17 h 30 à 18 h 30, Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT, et Thibaut Sellier, secrétaire confédéral chargé du dossier des retraites, animeront un webinaire sur la négociation retraites. Le format de ce rendez-vous, ouvert à tous les adhérents, est désormais bien connu : Yvan et Thibaut présenteront l’actualité du dossier pendant la première demi-heure ; la seconde demi-heure sera consacrée aux questions des internautes.

Pour s’inscrire (c’est gratuit) : https://jeparticipe.cfdt.fr/webinaires/206.lancement-du-rendez-vous-retraites-2025