Mine de lithium en France : le oui sous conditions de la CFDT

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iconeExtrait de l’hebdo n°3939

Inscrit dans une stratégie d’indépendance vis-à-vis des exportations chinoises de métaux précieux, le projet de mine de lithium dans l’Allier a franchi le 30 septembre une nouvelle étape avec le bilan du débat public organisé de mars à juillet 2024. La CFDT, qui travaille depuis des mois en synergie sur ce projet, a rendu son avis lors d’une conférence de presse organisée le 22 octobre.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 29/10/2024 à 13h00

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© FGMM-CFDT - DR

Dans l’Allier, le compte à rebours est désormais lancé. Tous les acteurs le savent : s’il voit le jour, le projet d’exploitation de lithium à Échassières (Auvergne-Rhône-Alpes) sera sans doute l’un des plus gros chantiers miniers de ces cinquante dernières années en France métropolitaine. Porté dès 2022 par le groupe Imerys, le projet – qui pourrait voir le jour fin 2028 – doit en effet permettre de fournir chaque année de quoi produire l’équivalent de 700 000 batteries de voitures électriques. Mais ce projet titanesque et coûteux (un milliard d’euros d’investissement) suscite, depuis le début, interrogations et controverse du fait de ses potentiels impacts environnementaux et socio-économiques.

C’est ce qui a poussé la Commission nationale du débat public à organiser, de mars à juillet 2024, un vaste débat public marqué par une forte participation citoyenne (3 600 participants, douze réunions publiques), associative et syndicale. La CFDT a ainsi organisé un travail concerté avec les structures impliquées dans ce projet – FGMM, FCE, FNCB mais aussi Union régionale interprofessionnelle (URI) Auvergne-Rhône-Alpes, syndicats… – pour établir son argumentaire et le livrer au débat public.

De hautes exigences sociales et environnementales

1. Exploitation de mica lithinifère.

Lors d’une conférence de presse organisée le 22 octobre dernier à Montluçon, plusieurs responsables de la CFDT ont officiellement pris position sur le projet Emili1, émettant un avis favorable sous réserve qu’il s’accompagne de garanties sociales et environnementales. « Il y a un certain nombre de normes à respecter, affirme Bruno Navarre, secrétaire fédéral territorial. Dès lors qu’il y a extraction, il y a forcément un impact sur l’environnement. » Pour cette raison, la CFDT demande la mise en place d’une « instance de gouvernance partagée, une évaluation des impacts par un organisme indépendant de suivi et de contrôle sur les sols et sous-sols, mais aussi sur l’eau et la biodiversité ».

Sur le plan social, il s’agit de réviser et consolider les garanties sociales des travailleurs de la mine. L’ouverture d’une négociation de branche est donc demandée, ainsi que la signature d’une charte destinée à responsabiliser la relation entre donneurs d’ordre et sous-traitants. À l’échelon territorial, enfin, « il faudra également s’armer d’un contrat de territoire engageant partenaires sociaux et collectivités territoriales quant à l’anticipation des emplois et des compétences », poursuit Bruno.

Cesser d’exporter le coût environnemental de notre transition

Seul le respect de ces conditions permettra de trouver un équilibre entre intérêts national et local. Et la CFDT reste lucide : la France comme ses voisins européens ne peuvent continuer d’exporter dans d’autres pays le coût environnemental de leur transition écologique. « 70 % des batteries de nos voitures électriques viennent de Chine. Aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir être acteur dans l’extraction, de le faire en proximité territoriale », explique Bruno Navarre. Et ainsi s’assurer d’une production plus respectueuse de l’environnement – parce que les normes et les réglementations y sont plus élevées et contraignantes qu’ailleurs, mais aussi parce que l’énergie est plus décarbonée…

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Le groupe Imerys a désormais deux mois environ (jusqu’au 30 décembre) pour répondre aux observations formulées dans le cadre du débat public et dire s’il poursuit ou non son projet à Échassières.