Extrait de l’hebdo n°3928
Au lendemain des élections législatives en France, le RN a annoncé son ralliement à la formation nationaliste européenne créée à la fin juin par le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán. Présidé par Jordan Bardella, Patriotes pour l’Europe compte 84 députés issus de douze nationalités différentes.
L’annonce est passée presque inaperçue, glissée au milieu du discours de Jordan Bardella, au soir des résultats du second tour des législatives, le 7 juillet dernier. Les trente eurodéputés du Rassemblement national ont choisi de se rallier à « un grand groupe qui pèsera dans les rapports de force en Europe, pour refuser la submersion migratoire, l’écologie punitive et la confiscation de notre souveraineté ».
Cette coalition des droites nationalistes européennes, baptisée Patriotes pour l’Europe, a été lancée le 30 juin dernier par le Hongrois Viktor Orbán – dont le pays vient de prendre la présidence tournante de l’Union européenne –, pour succéder à l’ancien groupe d’extrême droite au Parlement « Identité et Démocratie », récemment dissous.
Le groupe, présidé par Jordan Bardella, bénéficiera d’un temps de parole allongé et de moyens financiers supplémentaires.
Avec l’apport du contingent RN, mais aussi de la Ligue de l’Italien Matteo Salvini, les Patriotes pour l’Europe deviennent la troisième force politique au Parlement, avec 84 eurodéputés. Ils se classent derrière les démocrates-chrétiens du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D), mais relèguent les libéraux de Renew Europe en cinquième position.
L’objectif de cette formation est clairement affiché : se positionner contre le soutien militaire à l’Ukraine, contre l’« immigration illégale » et pour la « famille traditionnelle ». Des positions qui détonnent avec le ton policé employé par le RN sur le territoire français, mais qui en disent long sur les intentions réelles du parti d’extrême droite à l’échelle européenne.
Vers l’obtention de postes clés ?
Par son poids dans le nouveau Parlement, le groupe présidé par Jordan Bardella bénéficiera d’un temps de parole allongé et de moyens financiers supplémentaires. Il espère aussi obtenir certains postes à responsabilités – comme la vice-présidence du Parlement ou la présidence d’une commission parlementaire... Il y a fort à parier que le PPE et S&D uniront leurs forces pour s’opposer à de telles nominations. Reste le pouvoir de nuisance, bien réel, de cette formation clairement pro-Kremlin… complexifiant encore un peu plus l’adoption de législations européennes favorables aux travailleurs.