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Extrait de l’hebdo n°3934
Les fédérations CFDT de l’éducation ont fait conférence de presse commune, le 20 septembre, afin de tirer un premier bilan de la rentrée scolaire et de présenter leurs revendications, notamment la tenue d’une convention citoyenne sur l’éducation.
La rentrée scolaire s’est déroulée dans un contexte étrange cette année, avec une ministre démissionnaire rue de Grenelle – la quatrième personne à occuper ce poste en un an. Cependant, cette rentrée a été techniquement réussie, comme chaque année, grâce au professionnalisme de tous les personnels de l’Éducation nationale. « Nous avons une vision précise de la réalité de cette rentrée et, plus largement, de notre système éducatif grâce aux rencontres et aux échanges réguliers qu’ont nos militants avec leurs collègues », explique Laurent Lamberdière, le secrétaire général de la CFDT Formation et Enseignement privés (FEP).
« Mais il est clair que, du côté des moyens, tous les besoins ne sont pas couverts : il manque des postes d’enseignants, de médecins scolaires, de personnels administratifs… Dans tous les métiers, il faut tenter d’assurer le service avec moins de personnels que ce qui est nécessaire », ajoute Catherine Nave-Bekhti, la secrétaire générale de la CFDT Éducation Formation Recherche publiques (EFRP), ce qui entraîne « une dégradation continue des conditions de travail, de la continuité et même de l’accès au service d’éducation ». Dans de telles conditions, « c’est peu dire que la reconnaissance de l’investissement des personnels est faible, ce qui ne contribue pas à l’attractivité des métiers », poursuit Laurent.
Les deux fédérations CFDT continuent de revendiquer une revalorisation des rémunérations, notamment à travers une augmentation du point d’indice et un réel travail sur les grilles salariales. Elles mettent aussi en garde le nouveau gouvernement : « S’il venait à choisir la stratégie du coup de rabot sur l’école, ce serait un renoncement grave aux ambitions pour les jeunes générations et une aggravation des fragilités du système. »
Le mal nommé “choc des savoirs”
De fait, l’annonce du report de la réforme du brevet des collèges, voulue par Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, est un premier recul du « choc des savoirs », unanimement rejeté par les organisations syndicales. « Même incomplet, le mal nommé “choc des savoirs” dégrade les conditions de travail, aggrave la perte de sens au travail des personnels », rappelle Catherine.
Du fait d’un manque de moyens, d’enseignants et de disponibilité de salles de classe, « la mise en œuvre de l’enseignement des mathématiques et du français en groupes au collège est très variable d’un établissement à l’autre, entre groupes homogènes et groupes hétérogènes », précise David Romand, secrétaire national de la CFDT EFRP. Ces difficultés se retrouvent également dans le privé sous contrat, comme le montre l’enquête réalisée par la FEP auprès des personnels : seuls 26,7 % des répondants considèrent que, dans leur établissement, les groupes ont été mis en place conformément aux textes (30 % partiellement) et 28 % affirment qu’ils n’ont pas été instaurés. « Le fait que près de 15 % répondants disent qu’ils ignorent si les groupes existent ou non dans leur collège démontre à quel point cette réforme a été menée dans la précipitation et est mal vécue par les personnels », insiste Damien Gillot, secrétaire national de la FEP.
Au-delà de leur opposition à la philosophie même du « choc des savoirs », la CFDT EFRP et la FEP continuent de porter des revendications en vue d’améliorer les rémunérations et les conditions de travail de tous les personnels. Mais également pour rendre l’école inclusive et afin que la mixité sociale devienne une réalité, tout en reconnaissant que la mixité scolaire, pourtant cruciale en matière d’égalité des chances, peine à se concrétiser pleinement dans les établissements privés sous contrat. « Renforcer l’école, redonner de l’attractivité aux métiers de l’éducation suppose un effort budgétaire, une vision politique partagée », insistent les deux fédérations ; « cela ne pourra se faire que dans le cadre d’un dialogue social renouvelé alliant réelle négociation et partage de la décision ».
Une convention citoyenne sur l’éducation
L’éducation n’est pas le domaine réservé d’un ministre, rappellent les deux fédérations CFDT, mais bien « une question, des enjeux, des choix politiques qui doivent être partagés par le dialogue social et citoyen permettant de sortir des instrumentalisations politiques, des décisions qui se succèdent, s’empilent sans cohérence, épuisent et démotivent les personnels sans que jamais puisse se poser rationnellement la question de leur efficacité ». C’est pourquoi elles demandent, ensemble, l’organisation d’une convention citoyenne sur l’éducation.