La CES interpelle les candidats aux élections européennes

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iconeExtrait de l’hebdo n°3898

Le 15 novembre, la Confédération européenne des syndicats a présenté au Parlement européen son manifeste “Un accord équitable pour les travailleurs”. La CES demande aux élus de demain de souscrire à douze engagements pour une Europe plus juste et plus sociale et réitère sa détermination à combattre l’extrême droite.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 28/11/2023 à 13h00

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© CES - Etuc

« Les élections au Parlement européen de [juin] 2024 sont les plus importantes depuis de nombreuses années. Elles détermineront si l’Europe reste sur la voie du progrès et de la solidarité, et soutiendra les travailleurs, comme nous l’avons vu dans sa réponse à la crise sanitaire, ou si elle reviendra à l’austérité, avec ses attaques contre les travailleurs. » C’est avec ce leitmotiv que la CES, forte de ses 45 millions d’affiliés dans tout le continent, précise ses attentes quant au scrutin qui aura lieu du 6 au 9 juin 2024.

« Ces élections sont une étape cruciale pour l’avenir de l’Europe et un temps fort de l’engagement européen de la CFDT. Nous nous inscrirons dans cette campagne pour porter ses revendications auprès des candidats français. Nous sommes convaincus que l’Union européenne représente l’horizon politique d’avenir pour trouver des solutions communes aux défis majeurs d’aujourd’hui et de demain », ajoute Kristian Bongelli, secrétaire confédéral du service international, présent à Bruxelles lors de la présentation du texte aux partis politiques.

“Une Europe où il fait bon vivre”

« Ces dernières années, le syndicalisme européen a pu obtenir des avancées sociales, économiques et environnementales, rappelle Kristian. Le Socle européen des droits sociaux, le Pacte vert ou encore la suspension du pacte de stabilité, tout cela a permis à l’UE d’avancer vers un avenir plus juste, plus solidaire et plus durable, et aux travailleurs de voir leurs droits renforcés. Avec ce manifeste, c’est tout ce travail que nous voulons et allons poursuivre. »

Meilleurs emplois et revenus, soutien à la négociation collective, amélioration des conditions de travail, lutte contre le dumping social et la fraude fiscale, services publics forts… : ce sont au total douze priorités et valeurs qui sont affichées par la CES. Des thématiques qu’elle veut, dans un premier temps, voir reprises et soutenues par les candidats puis, dans un second temps, traduites en actes et en textes législatifs durant les cinq années où ils siégeront au Parlement. « La vision portée par ce manifeste est celle d’une Europe où chacun est libre de vivre en paix et de travailler sans craindre la pauvreté, l’insécurité, le manque de respect, la discrimination, la violence, la guerre ou l’oppression : une Europe où il fait bon vivre, travailler, élever ses enfants, prendre soin de ses proches et prendre sa retraite et vieillir. Une Europe qui met en pratique le socle européen des droits sociaux. Une Europe qui protège les droits humains fondamentaux. »

L’extrême droite est l’ennemi des travailleurs

Le mouvement syndical européen profite également de cette interpellation pour rappeler toute sa détermination à combattre l’extrême droite. « Elle qui prétend soutenir les travailleurs quand, en réalité, elle attaque leurs syndicats et leurs droits démocratiques. » Les travailleurs italiens et finlandais en sont les dernières victimes. À l’appel des organisations italiennes CGIL et UIL, une mobilisation a eu lieu le 17 novembre afin de dénoncer les mesures du gouvernement de la présidente d’extrême droite Giorgia Meloni. Les deux syndicats exigent « la fin des politiques qui conduisent à l’appauvrissement constant des revenus du travail et des retraites ».

Du côté d’Helsinki, la coalition conservatrice au pouvoir – qui compte en son sein le parti d’extrême droite des Vrais Finlandais – multiplie les mesures contre les syndicats et les personnes les plus précaires. Un état de fait inacceptable pour l’Organisation centrale des syndicats finlandais (SAK), qui, depuis le début du mois d’octobre, mène des actions à travers tout le pays. La SAK dénonce la volonté du gouvernement de vouloir saper le système de négociation collective actuel et de mettre à mal la tradition de dialogue social dans le pays. « Il y aura tellement de failles et de dérogations dans notre législation du travail que les accords généralement contraignants n’auront aucun sens, alertait, il y a quelques semaines, Ismo Kokko, président du Syndicat finlandais des travailleurs des transports. Cela entraînera inévitablement une détérioration des salaires et d’autres conditions générales comme les horaires de travail. »

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

« Ces deux exemples confirment, si besoin était, qu’un glissement du Parlement européen vers l’extrême droite serait très dangereux, alerte Kristian. Cela pourrait remettre en question les avancées de la dernière décennie ou, pire, détricoter les fondamentaux de l’Europe. »