Enseignants, les grands perdants

Les enseignants font partie des agents de la fonction publique qui ont particulièrement perdu en pouvoir d’achat ces dernières années… mais la « chute » dont parle Bernard Schwengler dans son ouvrage ne date pas d’hier.

Prenons l’exemple des professeurs certifiés avec dix ans d’ancienneté. Entre 1982 et 2023, ils ont perdu 20 % de pouvoir d’achat. Avec vingt-cinq ans d’ancienneté, la perte s’élève à 25 %. Et en fin de carrière, la perte persiste à 10 %. Maigre consolation, grâce à quelques mesures spécifiques en début de grille, un professeur certifié dans sa première année est, lui, gagnant (+ 6 %).

Idem pour les professeurs des écoles. Le gain en pouvoir d’achat est manifeste en tout début de carrière (+ 19 %), mais la situation se dégrade assez vite (– 8 % après dix ans). « Le passage d’instituteur à professeur des écoles a été un vrai gain en matière de pouvoir d’achat à une époque, mais ce gain s’est effacé avec le temps », constate Bernard Schwengler.

Et si l’on compare la situation des enseignants aux autres agents de la fonction publique de l’État, de 2011 à 2021, les agents d’État hors enseignants ont vu leur pouvoir d’achat faiblement augmenter (1,2 %), tandis qu’il diminuait de 2 % pour les enseignants. Le pouvoir d’achat des salariés du privé progressait d’environ 5 % dans la même période.

Cette spécificité « enseignants » s’explique en grande partie par la structure des rémunérations. Alors que les gouvernements successifs ont surtout joué sur les primes pour éviter que les agents perdent en pouvoir d’achat, la rémunération des enseignants est, elle, restée très dépendante du point d’indice. Seules quelques mesures, comme la prime d’attractivité en début de carrière ou la création de nouveaux échelons en fin de carrière, ont permis de limiter le décrochage des salaires par rapport aux prix. Mais le retour de l’inflation en 2022 et 2023 est cruellement ressenti par l’ensemble de la profession.