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En Italie, la casse sociale à tout-va

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Les visages de l’extrême droite

Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, Giorgia Meloni sabre les aides sociales pour les plus pauvres et donne des gages au patronat en refusant d’instaurer un salaire minimum.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 31/05/2024 à 09h00

Un militant des Fratelli d’Italia porte un T-shirt à l’effigie de Giorgia Meloni. Rome, septembre 2022.
Un militant des Fratelli d’Italia porte un T-shirt à l’effigie de Giorgia Meloni. Rome, septembre 2022.© Riccardo Fabi / NurPhoto via AFP

C’était il y a tout juste un an. Le 1er mai 2023, Giorgia Meloni trouvait une manière bien à elle d’honorer les travailleurs de son pays en annonçant la fin du « revenu de citoyenneté », l’équivalent de notre RSA.

Instaurée en 2019, cette aide (versée à toute personne vivant de revenus modestes et justifiant de dix ans de résidence en Italie) constituait un véritable amortisseur social pour près de quatre millions de personnes. Sa suppression au profit d’un « chèque inclusion » plus restrictif, le 1er janvier dernier, a précipité une partie de la population dans la pauvreté absolue.

« L’abolition du revenu de citoyenneté est le point culminant d’une politique fondée sur la guerre contre les pauvres. Leurs bénéficiaires ont été présentés tout au long de la campagne électorale comme des fainéants, voire des voleurs, s’alarme Massimo Bondioli d’Emmaüs Italie. Cette réforme législative est la parfaite illustration d’une vision économique dans laquelle les pauvres ne représentent aucun intérêt et sont considérés par le gouvernement comme une nuisance qui ne mérite pas l’investissement des ressources publiques. »

Des gages au patronat

Malheureusement, cet épisode n’est pas le seul recul acté par l’extrême droite dont la politique antisociale se fait chaque jour un peu plus visible.

Le « décret travail », présenté par la Première ministre italienne en ce jour symbolique, offre aux employeurs la possibilité de multiplier les CDD sans obligation de les pérenniser au-delà de trente-six mois d’activité.

De la même manière, il exonère de cotisations patronales toutes les entreprises qui recruteraient des bénéficiaires du nouveau chèque inclusion pendant un an quand, dans le même temps, il conditionne le versement de cette aide sociale à la participation d’activités «utiles à la collectivité»… De quoi ravir le patronat italien auquel Giorgia Meloni ne cesse de donner des gages.

Le salaire minimum enterré

Il y a quelques mois à peine, le 6 décembre 2023, le Parlement italien (où le gouvernement détient la majorité) rejetait une proposition de loi portée par la gauche sur l’instauration d’un salaire minimum.

Avec la Finlande, la Suède, le Danemark et l’Autriche, l’Italie fait en effet partie des derniers pays de l’Union européenne à ne pas disposer d’un smic. «Un vieux serpent de mer du débat politique italien ravivé l’an dernier à la faveur de l’adoption de la directive européenne sur l’harmonisation des salaires minimums, commente le syndicat italien CGIL. Et qui aurait pu corriger les effets de l’inflation et de la précarité. »

Car l’Italie détient également un triste record : celui d’être le seul pays du continent où les salaires réels ont reculé au cours de la dernière décennie (- 3 %). Ici, le salaire brut moyen reste inférieur de 12 % à la moyenne européenne. Un salaire minimum aurait permis à près de quatre millions de travailleurs italiens rémunérés en deçà de 9 euros brut l’heure (seuil fixé par le projet de loi rejeté) de sortir la tête de l’eau…

«Le gouvernement commet une grave erreur en infligeant une nouvelle gifle aux travailleurs», s’emporte la CGIL.

Malgré tout, dix-huit mois après son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni conserve le soutien de sa base électorale. À quelques semaines des élections européennes, son parti Fratelli d’Italia, à l’héritage fasciste affirmé, est solidement positionné à 26,7 % des intentions de vote.

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo
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