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Extrait de l’hebdo n°3902
Priorité réaffirmée lors du congrès confédéral de Lyon (juin 2022), la politique en direction des jeunes gagne toutes les structures CFDT. Si la période Covid a compliqué la vie des différents groupes jeunes régionaux et fédéraux, cette nouvelle mobilisation est saluée par tous.
À la CFDT, les structures fédérales et régionales doivent proposer un évènement « jeunes » dans leur périmètre tous les deux ans, et la Confédération doit organiser une formation en direction des « responsables de demain » pendant la mandature – formation connue dans l’organisation sous le nom d’Effervescence(s).
En juin 2024, la cinquième édition d’Effervescence(s)
Cet engagement à la fois contraignant et ambitieux a été pris par les syndicats réunis en congrès à Lyon en juin 2022. À l’époque, l’objectif était clair : relancer la dynamique « jeunes » dans l’organisation après une période de flottement principalement due à la crise sanitaire. La dernière formation Effervescence(s) date en effet de 2016. Une cinquième édition aurait dû avoir lieu en 2020, mais le coronavirus est passé par là. La préparation du congrès de Lyon est ensuite devenue prioritaire, et cela n’a évidemment pas permis de rattraper le retard accumulé…
1. Unions régionales interprofessionnelles.
Depuis un peu plus d’un an, les différentes structures de la CFDT ont donc mis les bouchées doubles : onze fédérations sur quinze et neuf URI1 sur treize ont été partie prenante d’un rassemblement « jeunes ». De son côté, le Bureau national a validé le principe, les grandes orientations et la date de la cinquième édition d’Effervescence(s). Ce sera donc à Orléans les 25, 26 et 27 juin ; 300 militants de moins de 35 ans sont attendus. Un format XXL, entre autres fait pour rattraper le temps perdu. « Vu l’engouement des structures, nous avons décidé d’augmenter la jauge habituelle, explique Marie Bretonnière, déléguée jeunes à la Confédération, chargée de mettre en musique toute cette dynamique. Mais nous risquons de devoir faire des choix difficiles car on ne pourra pas dire oui à tout le monde. »
“La moitié de ma CE est issue d’un groupe jeunes”
Les différents rassemblements « jeunes » qui ont déjà eu lieu montrent en effet qu’il existe une vraie attente – tant du côté des structures, qui savent bien qu’elles doivent assurer leur renouvellement générationnel, que du côté des jeunes adhérents, qui prennent plaisir à découvrir la CFDT au-delà de leur section d’entreprise. De jeunes adhérents, heureux de l’attention que leur porte l’organisation, sont prêts à s’investir en retour et à donner un coup de main… « Plus de la moitié de ma commission exécutive actuelle est issue d’un groupe jeunes, résume Stéphane Mollet, secrétaire général de la CFDT-Paca. Cela illustre l’importance cruciale des politiques jeunes si l’on veut assurer l’avenir de l’organisation. » Par le passé, Stéphane a d’ailleurs animé le groupe jeunes du département puis de la région pendant plusieurs années avant de devenir secrétaire général de l’URI Provence-Alpes-Côte d’Azur et membre du Bureau national confédéral.
Toujours très active dans ce domaine, la CFDT-Paca a d’ailleurs été à la manœuvre sur l’un des plus importants rassemblements jeunes, en novembre dernier. Une petite centaine d’adhérents de moins de 35 ans issus de huit fédérations professionnelles ainsi que des délégations jeunes de sept pays européens se sont retrouvés à La Londe-les-Maures (Var). Au programme, la découverte des différentes structures CFDT, des ateliers-débats ludiques et animés sur la transition écologique et le pouvoir d’achat, une rencontre avec la secrétaire générale, Marylise Léon… et, bien entendu, des moments festifs.
Des “anciens” passés par des groupes jeunes
Il n’y a pas de hasard. À l’origine de cette initiative, on retrouve deux « anciens » passés par des groupes jeunes : Andy Van Parys, secrétaire général adjoint de la Fédération des Finances, et Brice Pouyfaucon (lui aussi issu des Finances), membre de la commission exécutive de l’URI Paca. « Quand la Fédération des Finances a voulu organiser un rassemblement, la région Paca s’est portée volontaire pour nous accueillir et nous faire profiter de son savoir-faire en la matière », résume Andy. Très vite, la CFDT-PSTE a eu vent de l’affaire et s’est greffée au projet… qui s’est peu à peu étendu à d’autres fédérations (Défense (FEAE], Banques et Assurances, FGTE…) et à l’Union confédérale des Cadres. Puis est venue l’idée d’inviter des jeunes venant de tous les pays d’Europe…
L’initiative a remporté un vif succès, comme l’ensemble des autres rassemblements « jeunes » CFDT avec, à chaque fois, des modalités très différentes. La Fédération Chimie-Énergie s’est associée avec l’URI Normandie, par exemple. La CFDT-Bretagne et l’Union régionale des Pays de Loire ont, elles, organisé un rassemblement purement régional. « Animer un groupe jeunes est un effort permanent parce que, par définition, il se renouvelle sans cesse, analyse Dominique Taupin, secrétaire fédérale de la PSTE. C’est pourquoi la crise Covid a fait beaucoup de mal, c’est aussi pourquoi il y avait une forte attente. Un peu comme si on repartait de zéro. Les jeunes d’avant la crise sanitaire n’ont pas forcément pu passer la main. Il fallait reconstruire toute une dynamique. »
Le renouvellement de la CFDT est clairement en jeu. Les 300 jeunes qui vont se retrouver dans six mois à Orléans doivent constituer un vivier de militants destinés à prendre des responsabilités dans l’ensemble des structures. D’où l’importance de les former afin qu’ils découvrent la CFDT, ses valeurs et ses règles démocratiques. L’idée est qu’ils comprennent mieux l’organisation et sachent comment s’organise et se déroule un congrès. C’est comme ça qu’ils pourront se sentir à l’aise et apporter leurs idées, bousculer l’organisation dans le bon sens du terme. « Lors du dernier congrès confédéral, un groupe de jeunes a interpellé la Confédération car ils souhaitaient mener des débats qui concernent les jeunes mais n’avaient pas pu le faire car ils ignoraient qu’il fallait déposer des amendements nettement en amont. Lors des prochains congrès confédéraux, les jeunes qui auront participé à Effervescence(s) ne buteront pas contre cet écueil », résume Marie Bretonnière.
Un quart des nouveaux adhérents ont moins de 35 ans
Même si tout n’est pas calé, l’objectif est d’accompagner ces jeunes jusqu’au prochain congrès confédéral afin qu’ils vivent de l’intérieur ce moment démocratique et en soient des ambassadeurs. « On pourrait très bien imaginer qu’ils participent à l’animation de débats en amont du congrès dans leur syndicat, leur fédération ou leur région », avance Marie. L’idée doit encore faire son chemin mais une chose est sûre : la « question jeunes » progresse au sein de l’organisation et les résultats sont encourageants. Au congrès de Rennes (juin 2018), les délégations étaient encouragées à venir avec un jeune ; au congrès de Lyon, elles y étaient obligées. Dans le même temps, le taux d’adhérents de moins de 35 ans est passé de 4 % en 2018 à 9,6 % en 2023. Enfin, plus de 20 % des quelque 80 000 nouveaux adhérents de 2023 ont moins de 35 ans… On dirait bien que la mayonnaise est en train de prendre !