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Les visages de l’extrême droite
Longtemps limitée aux Länder de l’est, l’extrême droite gagne du terrain chez les ouvriers des industries à l’ouest. Syndicats et patronat s’inquiètent.
L’industrie allemande serait-elle en train de vaciller ? La baisse du pouvoir d’achat (en raison de l’inflation) et la décarbonation de l’industrie allemande pour opérer sa transition écologique alimentent les frustrations parmi les ouvriers, qui craignent pour leurs emplois. « Cette peur du déclassement fait le jeu du radicalisme et de l’extrême droite », résume l’IGBCE (mines, chimie, énergie), deuxième syndicat du pays après IG Metall.
Jusqu’alors, l’idéologie populiste épargnait les Länder occidentaux, une région réputée très industrialisée et très syndiquée. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. « En quelques mois, la sympathie de nos membres pour les idées d’extrême droite est passée de 10 à 27 % », poursuit le syndicat. L’idéologie d’extrême droite s’infiltre jusque dans les comités d’entreprise, comme en témoigne l’implantation progressive de Zentrum Automobil (syndicat alternatif d’extrême droite proche du parti AfD) chez Mercedes, BMW ou encore Porsche, avec chaque fois plus de 10 % des voix.
Cette progression rampante inquiète en réalité tout le milieu industriel. Outre la sortie de l’Union européenne, l’AfD milite activement contre l’immigration. Or l’économie allemande a cruellement besoin de main-d’œuvre étrangère pour compenser les effets d’une natalité en berne. Alors, depuis plusieurs semaines, le patronat allemand multiplie lui aussi les alertes face au danger populiste. « L’AfD est néfaste pour l’économie et la réputation de l’Allemagne dans le monde. »
Longtemps, la présence d’une industrie forte et bien organisée a été considérée comme un bouclier efficace à la montée du populisme en Allemagne… Ces digues sont en train de céder.