Combien sont payés les travailleurs des plateformes ?

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iconeExtrait de l’hebdo n°3937

L’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi a publié des chiffres concernant les revenus des chauffeurs VTC et des livreurs. Ce qui apporte de l’eau au moulin d’Union-Indépendants, en faveur d’une meilleure rémunération des travailleurs des plateformes.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 15/10/2024 à 12h00

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© Ludwig Wallendorff/RÉA

L’Arpe (Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi, un organisme du ministère du Travail qui régule le dialogue social entre les plateformes du style Uber et les travailleurs indépendants) a publié, le 2 octobre, une étude concernant les revenus et le temps de travail des chauffeurs VTC et des livreurs de repas. L’étude permet d’avoir un comparatif pour les années 2021, 2022 et 2023.

Il apparaît ainsi, côté VTC, que les revenus sont très différents d’une plateforme à l’autre, selon le modèle économique. Ainsi, en 2023, un chauffeur travaillant pour Heetch, Bolt ou Uber reçoit entre 11 euros et 19 euros bruts par prestation. Le revenu par prestation des chauffeurs qui travaillent pour Allocab ou Marcel s’élève à un peu moins de 40 euros.

« La durée de la prestation est une variable importante du revenu généré par une course », précise l’Arpe. Quant aux revenus horaires moyens bruts, l’Arpe note une évolution modérée à la hausse ou à la baisse entre 2021 et 2023. Par exemple, chez Heetch, le revenu horaire est passé de 30,60 à 22,90 euros. Chez Uber, il est passé de 38,50 à 39 euros. Concernant la plateforme Bolt, il est passé de 34,40 euros à 36,10 euros. Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, précise l’Arpe, car ce revenu horaire moyen implique pour le chauffeur d’accepter toutes les propositions de prestation qui lui sont faites.

Une nette baisse des revenus des livreurs

Côté livreurs, la situation est différente. En 2023, chez Deliveroo, le revenu moyen par prestation s’élevait à environ 5,50 euros bruts pour une prestation moyenne de dix minutes. Chez Uber Eats, il était de 4,50 euros bruts pour une prestation moyenne d’environ douze minutes. Selon les plateformes, le revenu horaire moyen brut varie entre 22 et 35 euros. Mais il y a une variable à prendre en compte : le temps d’attente. Or une fois pris en compte, les revenus plongent : ils varient entre 10,10 euros (Uber Eats) et 16,80 euros (Deliveroo) selon la plateforme. L’Arpe note qu’entre 2021 et 2023, ce revenu moyen horaire a baissé, et ce, quelle que soit la plateforme. Il est ainsi passé de 11,90 euros à 10,10 chez Uber Eats et de 17,30 euros à 16,80 euros chez Deliveroo.

Ces chiffres n’étonnent malheureusement pas Union-Indépendants. « Les rémunérations restent trop faibles pour vivre décemment de son activité », souligne Thomas Aonzo, le président d’Union. Des accords ont pourtant été signés en vue de porter le revenu horaire des livreurs à 11,75 euros par heure d’activité et à 30 euros pour les chauffeurs VTC. « Nous ne les avons pas signés car ça ne résout rien », ajoute Thomas Aonzo.

Fabian Tosolini, délégué national d’Union, enfonce le clou : « Cette publication donne de la consistance à ce que nous disions déjà il y a un an, et que personne ne semblait vouloir entendre. Force est de constater que nous avions raison : la rémunération des livreurs est en baisse. Côté VTC, alors que le secteur est en croissance, nous ne constatons pas d’augmentation significative des rémunérations. Et quand nous étudions les chiffres, nous voyons que la plupart des plateformes sont déjà au revenu minimal de 30 euros prévu par l’accord. Ce texte ne sert donc à rien. »

À quand la résolution du problème des rémunérations ?

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

Union-Indépendants continue de soumettre sa revendication d’une tarification horokilométrique pour les VTC et les livreurs qui prenne en compte le temps d’attente. « Mais les plateformes n’en veulent toujours pas, indique Fabian Tosolini, qui, mardi 8 octobre, était encore en réunion de négociation. Nous avons été élus sur la base de cette revendication. Il n’est donc pas question de négocier autre chose tant que le problème de la rémunération n’aura pas été résolu. »