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Travailler avec l’IA
La direction du géant des télécoms justifie un plan social par les gains de productivité permis par l’IA. Une provocation de plus pour la CFDT, qui dénonce un manque de dialogue social en ce qui concerne les nouvelles technologies.
Chez IBM France, la CFDT est sur les dents concernant l’IA. Non pas qu’elle s’y oppose. La conception de systèmes d’IA (SIA) est même au cœur de l’activité de l’entreprise. Et les militants reconnaissent aisément utiliser les SIA « pour gagner du temps », y compris dans leur travail syndical.
Si la CFDT est en alerte, c’est à cause du manque de concertation avant l’introduction de ces systèmes. Ainsi, la mise en place au service des ressources humaines, d’un SIA permettant de définir les montants des augmentations salariales s’est faite sans négociation. « Ce système est une véritable boîte noire : sur les quarante paramètres qui permettent de définir les augmentations, on nous en a expliqué huit. Nous ne savons rien de l’algorithme, dénonce Fabien Billa, délégué syndical central CFDT d’IBM France. La direction nous dit que l’IA ne fait que des propositions, et que ce sont les managers qui décident in fine. Mais en fait, ces derniers sont encouragés à suivre les recommandations de l’IA. » Là encore, la CFDT voudrait avoir son mot à dire.
La CFDT a demandé une expertise
Mais la ligne rouge a été franchie en mars dernier, lors de l’annonce d’un plan social lié, selon la direction, à des gains de performance promis par l’IA. « Une véritable gifle » pour les salariés, selon Fabien. Au niveau du groupe IBM (monde), le plan annoncé devait concerner 4 000 salariés, dont plus de 1500 en Europe avec une centaine en France.
La CFDT a immédiatement réagi et demandé une expertise, dont les résultats seront rendus lors du comité européen de novembre prochain. « L’impact de l’utilisation de l’IA sur l’emploi à court et moyen terme est au cœur de la problématique », estime Nicolas Nadal, qui siège au comité d’entreprise européen.
En complément de l’expertise, l’équipe CFDT a constitué un groupe de travail syndical sur les conséquences du recours à l’IA. « Cette démarche s’inscrit dans une volonté de se familiariser avec les outils technologiques qui, utilisés à bon escient, peuvent constituer un levier pour l’amélioration des conditions de travail, mais qui, mal gérés, pourraient entraîner les entreprises dans un perpétuel moins-disant social », estime Nicolas.