Au COR aussi, les prévisions de croissance font débat

C’est un sujet très technique mais aussi hautement politique qui illustre à merveille le rôle du Conseil d’orientation des retraites (COR) : en l’occurrence, établir un diagnostic partagé de notre système de retraite afin de pouvoir faire vivre le débat de la manière la plus sereine possible sur un sujet extrêmement sensible. Le COR rassemble en effet tant des parlementaires et des syndicalistes (salariés et patronaux) que des associatifs, des représentants de l’administration ou encore des personnes qualifiées… Preuve que le COR remplit sa mission, son rapport annuel fait figure de référence, et très peu de personnes contestent son contenu.

La volonté d’avancer de manière consensuelle explique l’émoi d’une partie des membres de cette institution lorsque Gilbert Cette, le nouveau président du COR (nommé en octobre 2023), a indiqué vouloir faire évoluer à la baisse les prévisions de croissance à long terme, impactant de fait les prévisions financières du régime. La réunion qui s’est tenue le 4 avril dernier était donc nécessaire pour définir un scénario consensuel.

Les prévisions de croissance des différents scénarios seront donc bien revues à la baisse afin de tenir compte de l’évolution des perspectives économiques. Jusqu’à présent, le COR examinait quatre scénarios qui se distinguaient par une croissance à long terme de respectivement 0,7 %, 1 %, 1,3 % et 1,6 %. Désormais, ces quatre scénarios s’appuieront sur des prévisions de croissance de 0,4 %, 0,7 %, 1 % et 1,3 %. La proposition du nouveau président a ainsi été validée. En revanche, Gilbert Cette n’a pas été totalement suivi au sujet de sa deuxième demande de changement. Il souhaitait – dans la perspective de présenter le solde du régime de retraite au grand public – que le COR ne s’appuie que sur un seul scénario afin de rendre les conclusions des travaux plus accessibles ; et le scénario retenu était celui d’une croissance à long terme de 0,7 %.