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Extrait de l'hebdo n°3959
La pénibilité était au menu des discussions de la cinquième séance de négociation retraites. La CFDT propose d’étendre et de simplifier la prise en compte de la pénibilité en “cartographiant” les métiers au niveau interprofessionnel.

Avec nettement moins de bruit et de fureur que la semaine dernière, la négociation relative à la réforme des retraites s’est poursuivie autour du sujet central qu’est la pénibilité – lequel fait partie des priorités de la CFDT, qui exige des mesures fortes. « C’est l’un des trois points (avec l’âge et l’égalité femmes-hommes) sur lequel cette négociation doit permettre d’avancer », rappelle Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT.
Sans surprise, la CFDT est donc arrivée à la table des discussions avec des revendications précises. En premier lieu, elle souhaite que les trois critères ergonomiques supprimés en 2017 (charges lourdes, postures et vibrations) soient de nouveau pris en compte. Cela aurait pour effet d’augmenter mécaniquement le nombre de bénéficiaires, dans un ordre de grandeur tout à fait soutenable sur le plan financier. La Cnav1 estime à 215 000 le nombre de salariés supplémentaires qui pourraient ainsi entrer dans le dispositif. Aujourd’hui, 650 000 salariés accumulent des points pénibilité…
Une “cartographie” des métiers pénibles
Mais la CFDT souhaite aller plus loin que la seule réintégration des trois facteurs ergonomiques. Face aux récriminations des organisations patronales, qui ne cessent de dénoncer la complexité du système, elle propose d’inverser la logique actuelle. Au lieu de mesurer la pénibilité poste par poste dans chaque entreprise, l’idée serait de partir d’une cartographie des métiers pénibles, qu’établirait la CAT-MP2, pour déterminer quels pourraient être les salariés bénéficiaires. Cette proposition (que la CFDT avait déjà esquissée lors de la séance précédente) a manifestement suscité l’intérêt des autres organisations syndicales et patronales.
Si, toutefois, rien n’a été acté à la fin de la réunion, le sujet de la pénibilité apparaît comme celui pour lequel la nécessité d’avancer fait le plus consensus parmi les représentants des salariés et des employeurs. « Nous sommes tous d’accord pour travailler sur l’amélioration des conditions de travail, l’usure professionnelle et la prévention, affirmait Yvan Ricordeau au sortir de la rencontre. Mais il faut aussi que nous parvenions à aboutir quant à des modalités de départ anticipé pour pénibilité. »
Une nouvelle feuille de route
Cette cinquième rencontre a par ailleurs permis d’avancer sur la nouvelle feuille de route que les négociateurs souhaitent se donner. Rappelons qu’ils ont acté la mort du conclave et décidé de travailler en toute autonomie par rapport au pouvoir politique. Ils ont donc validé quatre grandes directions de travail : l’équilibre financier, avec la réaffirmation que celui-ci était inhérent à tout système par répartition, la construction d’une nouvelle gouvernance du système, l’amélioration des mécanismes de solidarité (pénibilité, droits familiaux, etc.) et, enfin, la juste répartition des efforts et des recettes.
Jeudi prochain, le 3 avril, ce travail à propos de la feuille de route devrait se poursuivre et s’affiner. Les discussions, plus techniques, porteront sur les droits familiaux et la situation des femmes.