Nouvelle-Calédonie : Alors que l’archipel s’embrase, l’appel au dialogue

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iconeExtrait de l’hebdo n°3920

Depuis le vote du projet de loi constitutionnel réformant le corps électoral calédonien par l’Assemblée nationale le 15 mai, l’archipel est en proie à des émeutes d’une rare ampleur. La CFDT et son partenaire syndical local l’Usoenc condamnent cette violence et demandent l’ouverture de discussions sur les sujets économiques et sociaux.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 17/05/2024 à 13h34 et mis à jour le 21/05/2024 à 12h14

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©AFP

Cinq morts. C’est le sinistre bilan des émeutes qui émaillent depuis maintenant une semaine la Nouvelle-Calédonie, territoire de 271 000 habitants situé dans le Pacifique Sud. Parmi les victimes, deux gendarmes et une adolescente de 17 ans. Une vague de violence que le « Caillou », tel qu’est surnommé ce territoire n’avait plus connue depuis les années 1980. Ce vendredi 17 mai, la Nouvelle-Calédonie s’est réveillée groggy après une quatrième nuit d’émeutes malgré l’état d’urgence décrété mercredi soir pour une durée initiale de douze jours.

En l’espace de 48 heures, plus d’une centaine d’entreprises ont également été incendiées, laissant plusieurs milliers de travailleurs et de travailleuses sur le carreau. Ces actes ont entraîné dans leur sillage des pénuries de médicaments et de produits alimentaires. « Cette crise risque de faire vivre à la Nouvelle-Calédonie, où l’économie est déjà très fragilisée une grande période de difficultés sociales », alertent Beatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT, et Jean-Marc Burette, secrétaire général de l’Union des syndicats ouvriers et employés de Nouvelle-Calédonie (Usoenc).

Dégel du corps électoral

Les émeutiers dénoncent le projet de loi de réforme du corps électoral présenté à l’Assemblée le 13 mai dernier et voté deux jours plus tard. Celui-ci prévoit que les natifs et les résidents de Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans puissent désormais participer aux scrutins provinciaux. Aujourd’hui, seules les personnes ayant vécu en Nouvelle-Calédonie entre 1988 et 1998 ainsi que leurs enfants peuvent prendre part au scrutin provincial. Or, d’après un rapport sénatorial, cette révision augmenterait de 14,5 % le corps électoral (12 441 natifs de Nouvelle-Calédonie et 13 400 citoyens français).

« Nous appelons toutes les parties à reprendre le dialogue pour trouver un compromis. Il faut réinstaurer dans ce territoire le vivre ensemble et la construction de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie avec l’ensemble des Calédoniens », insistent les deux leaders syndicaux, qui demandent sans tarder l’ouverture de discussions sur les dossiers économiques et sociaux.