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Anatomie d’une chute
Les élus CFDT sont parvenus à faire entendre raison à la direction de cette entreprise de l’aéronautique après avoir menacé d’un mouvement de grève dur. La question du pouvoir d’achat reste la priorité des priorités.
Le carnet de commandes a beau être bien rempli, les salariés appelés à faire des heures supplémentaires le week-end, la direction de Mecaprotec ne voulait rien entendre : conjoncture économique, hausse des prix de l’énergie, épargner les clients… ses arguments ne manquent pas. Dans cette entreprise située en région toulousaine, spécialisée dans la peinture et le traitement de surface des pièces destinées à l’aéronautique, l’heure n’était manifestement pas aux augmentations de salaire.
Dans un contexte d’inflation, cette situation insoutenable a poussé Cathy et Stéphane vers la CFDT. « Avant, on avait de petits salaires mais de bonnes primes d’intéressement et de participation, explique Cathy. Mais, depuis le Covid, on n’avait plus de prime et pas d’augmentation. C’était devenu intenable pour les salariés. »
Révoltée par cette situation, elle décide, il y a un an, de monter une liste CFDT, épaulée par Stéphane, qui accepte de se lancer dans l’aventure « pour comprendre ce qui se passait au CSE, avoir des informations ». Alors qu’ils pensaient n’obtenir que de 10 à 15 % des voix, ils en engrangent finalement 57 % et se retrouvent en première ligne… pour obtenir des augmentations.
« Nous voulions marquer le coup »
Face au refus de la direction d’ouvrir des négociations, ils décident de lancer un mouvement de grève. Du jamais vu dans cette usine gérée de manière un peu paternaliste. « Nous avions été élus pour ça. Nous voulions marquer le coup tout de suite », explique Cathy. Malgré les coups de pression de la direction, qui a bien tenté de les faire reculer, les deux jeunes élus persistent jusqu’à la veille du débrayage général. La direction comprend que l’ensemble des salariés en production est bien décidé à y aller, que le mécontentement est généralisé.
“Nous avons bien fait comprendre à la direction qu’il ne s’agissait pas des NAO [négociations annuelles obligatoires] pour 2024, mais bien d’un rattrapage. On compte bien réengager des discussions en janvier”
C’est donc en urgence que la CFDT est convoquée. L’heure n’est plus vraiment à la négociation. La direction accepte la quasi-totalité des revendications, preuve s’il en est qu’elles n’avaient rien de délirant : une augmentation générale de 4 %, un euro supplémentaire sur les titres-restaurant et les primes paniers, l’annonce de négociations dans certains secteurs spécifiques… La direction est obligée d’aller dans l’usine pour informer les salariés de cet accord alors que ces derniers s’apprêtaient à débrayer le lendemain. « Nous avons bien fait comprendre à la direction qu’il ne s’agissait pas des NAO [négociations annuelles obligatoires] pour 2024, mais bien d’un rattrapage. On compte bien réengager des discussions en janvier, insiste Cathy, déterminée à revoir le cadre du dialogue social dans l’entreprise. La question du pouvoir d’achat reste notre priorité, abonde Stéphane. C’est sur ce sujet que les salariés nous attendent… et nous rejoignent. »
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