216 000 familles avec enfants accueillies l’an dernier par le Secours catholique

temps de lectureTemps de lecture 4 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3942

L’association d’aide aux plus démunis a présenté, le 14 novembre dernier, son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Elle dénonce un niveau record de précarité dans notre pays et alerte sur le non-recours aux prestations sociales.

Par Sabine Izard— Publié le 19/11/2024 à 13h00

image
© Secours catholique - Caritas France

Plus d’un quart des personnes accueillies par le Secours catholique – Caritas France l’an dernier étaient sans ressources. Un niveau record, selon l’association, qui a publié, le 14 novembre, son rapport annuel sur l’état de la pauvreté. Le revenu médian des ménages accueillis par l’association s’établit à 555 euros par mois. « C’est moins que l’année précédente et c’est presque 300 euros de moins que le seuil d’extrême pauvreté », détaille ainsi Daniel Verger, chargé des questions de protection sociale au Secours catholique.

Au total, 95 % des ménages rencontrés par le Secours catholique en 2023 vivaient sous le seuil de pauvreté (1 216 euros). Une précarité qui traduit « l’éloignement de la solidarité produite par l’administration elle-même ». L’an dernier, le Secours catholique a accueilli plus d’un million de personnes, dont 216 000 familles avec enfants. C’est d’ailleurs une situation que ne cesse de dénoncer la CFDT ; « la lutte contre la pauvreté a toujours été un enjeu démocratique, rappelle Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée des questions de pauvreté et d’exclusion. Aujourd’hui, nous sommes inquiets car les choix politiques qui sont faits ne vont pas dans le bon sens. »

La réforme du RSA, facteur aggravant du non-recours

Au-delà de ces chiffres, le Secours Catholique constate une hausse du non-recours aux prestations sociales. S’agissant du RSA, le non-recours « a augmenté de 10 points en treize ans, passant de 26 % en 2010 à 36 % en 2023 », détaille le rapport. « La totalité des non-recourants vivent sous le seuil d’extrême pauvreté, contre 81 % des allocataires. » La réforme du RSA, actuellement expérimentée dans dix-huit départements, est dénoncée par l’association comme un facteur aggravant (+ 10,8 % en un an de non-recours dans les départements qui expérimentent le dispositif, alors que le taux baisse de 0,8 % dans les autres départements). Les allocations familiales peinent, elles aussi, à toucher leur cible. En 2023, 24 % des ménages français éligibles rencontrés par l’association ne les percevaient pas, contre 15 % en 2010. Le chiffre atteint même 42 % parmi les ménages étrangers éligibles en 2023, contrairement aux idées reçues.

La dématérialisation des démarches accentue la pauvreté

Un grand nombre de personnes reçues par l’association disent également rencontrer des difficultés d’accès à leurs prestations sociales : 13 % des ménages rencontrés expriment un besoin d’accompagnement en vue d’effectuer les démarches nécessaires à l’obtention des aides sociales (un taux en hausse de 7 points en dix ans). Ce recul s’explique, selon l’association, par un éloignement physique des administrations (CAF, CPAM, etc.), qui ont fermé leurs portes dans nombre d’endroits au profit de la dématérialisation des démarches.

À propos de l'auteur

Sabine Izard
Rédactrice

Les personnes « se retrouvent alors seules devant un écran d’ordinateur qui ne veut rien comprendre à leur situation, et sans personne pour les guider dans le dédale des démarches puisque la dématérialisation a réduit comme peau de chagrin toute possibilité de contact humain », dénonce Didier Duriez, président national du Secours catholique - Caritas France. Démunies, beaucoup d’entre elles préfèrent alors abandonner – ce qui provoque dans certains cas des ruptures de droits car, en cas de difficultés dans la constitution du dossier, « les caisses d’allocations familiales, par exemple, suspendent les prestations versées le temps de réétudier le dossier, avec une perte de revenu dramatique pour les personnes… ».