Semaine décisive pour les salariés des abattoirs LDC

temps de lectureTemps de lecture 4 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3948

Alors que le processus de consultation du CSE court toujours, les 119 salariés menacés par la fermeture du site de Blancafort ne se font guère d’illusion : aucun repreneur ne s’est manifesté. À l’appel de la CFDT, ils se mobilisent afin de pouvoir partir dignement.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 14/01/2025 à 13h00

image
© C. Casabianca/RÉA

La pluie battante ne les aura pas arrêtés. Le 8 janvier dernier, une trentaine de salariés de l’abattoir de Blancafort (Cher / Centre-Val de Loire) sont venus devant le siège de LDC, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe / Pays de la Loire), planter des croix. Une pour chaque destin que la fermeture de l’usine berrichonne, prévue le 31 mars prochain, va faucher. Rejoints par une vingtaine de salariés sarthois, ils entendaient, par ce geste symbolique, « dénoncer les pratiques inadmissibles chez LDC ». Précisons que l’entreprise, leader français de la volaille (avec ses marques Le Gaulois, Maître CoQ, Loué), avait racheté l’abattoir de cette petite commune du Cher au groupe Avril en 2015.

Dix ans plus tard, à la fin octobre 2024, le groupe annonce la fermeture du site au 31 mars 2025 si aucun repreneur ne se manifeste d’ici là. « Près de 150 entreprises ont été contactées mais personne n’en veut. Les machines ont commencé à être enlevées ; on ne se fait pas d’illusion, affirme Stéphane Pierrot, délégué syndical du site berrichon. Certains salariés sont encore dans le déni, espèrent un repreneur de dernière minute. Mais même si quelqu’un se manifestait, ça ne serait certainement pas dans l’agriculture. On ne va pas demander à quelqu’un qui a désossé de la viande pendant trente ans d’assembler des pièces de moteur. Tout le monde va perdre son emploi », finit-il par lâcher, une pointe d’amertume dans la voix.

Investissements et délaissement

Car cette décision du groupe, il la redoutait depuis plusieurs mois déjà. « Lorsque le groupe précédent a cédé l’affaire, en 2015, LDC ne voulait pas du site de Blancafort. Ils ont choisi d’investir dans des usines rentables et de laisser dépérir la nôtre, sachant que le marché de la dinde était en dents de scie. » La CFDT pointe d’ailleurs d’autres investissements que le groupe n’a pas hésité à faire « dans un esprit de conquête de l’Europe », en annonçant notamment l’acquisition du groupe ECF (leader allemand des produits élaborés cuits et surgelés) et d’entreprises agroalimentaires en Pologne.

Combat pour l’obtention de la supralégale

1. Il s’agit d’une indemnisation supérieure à ce que prévoit la loi.

La CFDT, seule organisation présente sur le site, espère encore peser dans les négociations, puisque le processus d’information-consultation du CSE court jusqu’à la fin janvier. Une réunion avait d’ailleurs lieu au lendemain de la mobilisation des salariés, le 9 janvier. Principal sujet à l’ordre du jour, les indemnités de départ – et notamment le montant de la supralégale1 – constituent toujours un point de crispation.

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

« La direction propose un socle de 5 000 euros pour tous les salariés et 1 500 euros par année d’ancienneté, mais avec un plafond à 40 000 euros. Pour quelqu’un qui a trente ans d’ancienneté, c’est dérisoire. On a fait le calcul, à partir de vingt-deux ans d’ancienneté, tout est plafonné. Et beaucoup de salariés sont dans ce cas de figure », note le délégué syndical. « Les salariés méritent ce dû. Les dirigeants de LDC brassent des milliards, investissent dans un bateau pour le Vendée Globe. Et chez nous, ils ne veulent rien mettre ! Nous ne sommes pas des mendiants, et on ne vient pas pour casser le groupe mais nous voulons partir dignement », assène Stéphane Pierrot. La prochaine réunion est prévue le 17 janvier. Le PSE, lui, devrait être bouclé à la mi-février.