Extrait du magazine n°474
On les croyait disparus, mais les prêtres-ouvriers existent toujours. Ambulancier, magasinier, conducteur de bus ou parfois chercheur au CNRS… : on les retrouve dans tous les secteurs. Ils partagent le travail et le quotidien des plus précaires. Témoignages.
Dans une première vie, Bruno Régis a été prof. À 46 ans, le jeune homme est désormais préparateur de commandes. Et prêtre. Prêtre au travail, donc, ayant sciemment choisi la grande distribution – ses cadences et ses contraintes inhumaines, ses impératifs de productivité « sinon on est viré » – avec la sérénité de celui qui se sait à sa place. Si la question de la vocation s’est posée à lui au tournant de la trentaine, il est rapidement apparu que ça ne serait pas sous la forme du prêtre « curé de paroisse ». « Être prêtre, ça n’était pas pour vivre parmi ceux qui me ressemblent mais pour rencontrer ceux qui me sont étrangers, ceux qui sont loin de l’Église, pour les rejoindre là où ils sont, pour partager ce qu’ils vivent, au travail comme sur leur lieu de vie », explique le jeune homme, qui a grandi dans un milieu de « cathos engagés » et vit aujourd’hui en maison…