Location-gérance : la CFDT-Services assigne Carrefour en justice

temps de lectureTemps de lecture 3 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3911

La Fédération CFDT des Services souhaite épingler le distributeur pour son appétit vis-à-vis de la location-gérance et la mise en franchise de ses magasins. Des pratiques qui se font au détriment des droits des salariés.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 12/03/2024 à 13h00

image
© Éric Tschaen/RÉA

Cette fois-ci, la CFDT-Services va en justice. Après avoir dénoncé sans relâche les conséquences du passage de magasins Carrefour en location-gérance, la fédération a annoncé lundi 11 mars avoir déposé au tribunal judiciaire d’Évry (Essonne / Île-de-France) une assignation pour « abus de droit à la liberté d’entreprendre ». Elle demande l’interdiction de procéder à de nouvelles mises en location-gérance ou en franchise de magasins Carrefour et 23 millions d’euros de dommages-intérêts en réparation du préjudice causé à l’intérêt collectif de la profession.

« Les contrats imposés aux locataires-gérants et aux franchisés ne donnent pas de marges de manœuvre autres que celle de baisser la masse salariale et les frais généraux, argue Sylvain Macé, l’un des secrétaires nationaux de la fédération. Carrefour détourne le système de son objet initial. Le cœur du problème est là : l’entreprise utilise la location-gérance et la franchise pour réduire le coût du travail. L’entreprise pratique une forme de restructuration déguisée, et les salariés la paient. »

Un dossier solide

Depuis 2018, 305 supermarchés et hypermarchés Carrefour (faisant travailler environ 23 000 salariés) ont été externalisés du groupe, tout en restant sous le pavillon du distributeur. En sortant du groupe, les salariés ne sont plus couverts par les différents accords collectifs et ne profitent plus des avantages sociaux liés. La perte est estimée à 2 300 euros par an et par salarié, selon la section CFDT du distributeur.

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

« Est-ce que Carrefour est en difficulté ?, demande Sylvain Macé. Nous pensons que ce n’est pas le cas. » Et de souligner qu’en 2023, Carrefour a dégagé un bénéfice net de 1,66 milliard d’euros, a dépensé 802 millions d’euros pour racheter ses actions et a versé 481 millions d’euros de dividendes. « Ce n’est pas aux salariés de supporter la stratégie financière de l’entreprise », poursuit le secrétaire national. « Le dossier est solide », conclut Sylvain Macé, qui attend désormais qu’une date d’audience soit fixée.