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Extrait de l’hebdo n°3923
Chaque année, la CFDT prend part aux marches des fiertés organisées partout en France pour dire stop aux discriminations liées au genre et à l’orientation sexuelle.
Agir sur les grands défis de société, notamment ceux revendiquant l’émancipation et l’égalité des droits, est dans l’ADN de la CFDT depuis toujours. C’est ce qui l’a amenée à soutenir la loi en faveur du mariage pour tous, adoptée il y a dix ans. C’est aussi la raison pour laquelle elle prend part, chaque année, aux marches des fiertés. Car le combat contre l’homophobie et la transphobie nécessite une vigilance de tous les instants, en particulier sur les lieux de travail.
« La CFDT et les fiertés, c’est un engagement de longue date, affirme Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée de la lutte contre les discriminations. C’est un moment festif, sympa, qui redonne de la visibilité. En France, malheureusement, les discriminations en raison du genre et de l’orientation sexuelle ne cessent de progresser, y compris dans le monde du travail. Aujourd’hui, seulement une personne sur deux assume son choix de genre ou de sexualité dans son cercle privé. Au travail, c’est une personne sur quatre. Ce qui signifie que les personnes LGBTQIA+ ne se sentent pas assez sécurisées dans leur environnement professionnel. C’est très violent, notamment pour les jeunes qui sont touchés de plein fouet par ces discriminations. Il faut que les équipes CFDT s’engagent encore plus sur ce sujet pour que ces personnes, lorsqu’elles sont discriminées, puissent aussi trouver une écoute syndicale. »
Les équipes syndicales aux côtés des salariés
« La Fédération CFDT Communication Conseil Culture (F3C) est investie de longue date dans la lutte contre les LGBTphobies et vient à l’appui des syndicats qui en font la demande », explique le secrétaire national Franck Herrmann. La F3C met ainsi à la disposition des équipes, sur son site internet, des tracts et des outils… et elle leur fournit également ses désormais célèbres et plébiscités éventails arc-en-ciel qui font un carton lors des marches des fiertés, que ce soit en Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Hauts-de-France ou ailleurs. Pour préparer l’avenir, elle vient en outre de relancer un groupe fédéral sur la diversité composé de militants de différents syndicats. « L’objectif est, à terme, à l’image de ce que font les Sentinelles vertes, d’avoir au moins un référent par syndicat qui puisse intervenir à la demande des sections en cas de discrimination sur les sujets LGBTQIA+ », affirme Franck.
1. Instances représentatives du personnel.
« Les sujets LGBTQIA+ et la transition de genre ne sont pas, comme beaucoup le disent, un sujet strictement privé, car ils concernent le monde du travail. Nous devons le prendre en compte dans nos actions syndicales afin d’améliorer l’inclusion de nos collègues concernés », considère Anne-Claude Vitali, secrétaire nationale de la CFDT Métallurgie. La Fédération générale des Mines et de la Métallurgie consacre d’ailleurs à ce sujet le dernier numéro de son magazine, Échos de la Métallurgie. « Aujourd’hui, 10 % de la population française se déclare LGBTQIA+. Ce pourcentage atteint même 22 % au sein de la génération Z. Notre rôle d’élus est de créer des situations inclusives », avance ainsi la fédération, qui conseille notamment à ses militants de faire évoluer le cadre des IRP1.
Les activités sociales et culturelles proposées par les CSE, par exemple, sont souvent les seuls temps dévolus dans l’entreprise « pour se découvrir plus sérieusement et donc passer outre les possibles clichés et idées reçues ». « Quels que soient la composition du foyer, l’identité de genre du conjoint ou encore le lien biologique de l’enfant, la communication qui en est faite ne doit exclure personne. Parent du même sexe ou non, vivant dans le même foyer ou non, ouvrez simplement vos festivités au couple. Enfant biologique, placé sous tutelle ou adopté, ouvrez simplement les activités aux ayants droit en cadrant le tout avec l’âge du public cible », conseille ainsi la fédération.
Des marches des fiertés partout en France
Autre symbole de cet engagement, les marches des fiertés sont investies et organisées chaque année par les équipes CFDT dans de très nombreuses villes de France sous la bannière « Pas de phobies au boulot ! » Ainsi, la CFDT sera présente cette année aux six marches (contre trois l’an dernier) organisées dans la région Hauts-de-France ; à Lille, Compiègne, Saint-Quentin (le 15 juin), à Amiens (le 29 juin) ou à Dunkerque (le 6 juillet, en partenariat avec l’association Iris), la CFDT hissera haut les couleurs arc-en-ciel, comme elle l’a fait à Arras les 7 et 8 juin derniers.
« Nous sommes aussi présents dans les villages associatifs qui se tiennent en marge des marches », précise Kaya L’Éveillé, chargée de communication à l’URI des Hauts-de-France. Sur leur stand, les militants donneront informations, conseils et témoigneront du fait que « les syndicats sont également des acteurs de la lutte contre les LGBTphobies ». Soucieuse « d’envoyer un signal fort », résume Élodie Cerf, secrétaire régionale chargée des discriminations, la CFDT des Hauts-de-France a cette année revu sa campagne de communication, avec, notamment, des affiches très marquantes.
2. Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail.
Signe que la CFDT est perçue comme un interlocuteur valable sur ces sujets, elle participera à un débat organisé par l’Aract2 sur le thème de « l’inclusion des personnes LGBTQIA+ en milieu professionnel », le 17 juin à Lille, dans le cadre de la semaine de la qualité de vie au travail. « Le rapport annuel de SOS Homophobie nous rappelle que les violences envers les personnes LGBT ont augmenté de 57 % », indique Élodie. Un tel taux ne peut pas rester sans réponse forte de la part de tous, y compris des acteurs syndicaux.
Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur aussi, les marches s’organisent. Depuis de nombreuses années, la CFDT y participe, que ce soit à Toulon ou Avignon (le 15 juin), à Nice (le 23 juin) ou Marseille (le 6 juillet). « Cette année, nous réfléchissons à organiser une journée de lutte contre les discriminations à l’égard des personnes LGBTQIA+, précise Michel Bothorel, membre du bureau régional interprofessionnel de la CFDT Paca, même si la date n’est pas encore arrêtée. » Et, le 20 juin, deux militants CFDT de l’URI Paca participeront, à la demande de l’association Urgence homophobie, à un atelier sur le droit du travail pour les jeunes de 18 à 25 ans exilés en raison de leur orientation sexuelle. « Ce sont des jeunes qui en ont bavé dans leur pays et qui ont dû le quitter à cause de ça. L’idée est de leur redonner la parole et de les informer au sujet de leurs droits, explique Michel. Dans les entreprises et les administrations, les victimes de ces violences peuvent compter sur le collectif CFDT et leurs élus pour être écoutées, aidées et accompagnées. Nous sommes toutes et tous concernés lorsqu’il s’agit de faire face, de lutter et d’éliminer toutes les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. »
Quid des discriminations au travail ?
À Paris aussi, évidemment, la CFDT défilera aux couleurs des fiertés (le 29 juin). « Cette année, à la demande de l’organisateur, nous mutualiserons notre char avec l’Unsa pour des raisons écologiques et de développement durable. Mais la CFDT Île-de-France sera bien là avec cortège, DJ et une animation drag-queens tout le long du trajet », annonce Aurélie Lagaville, secrétaire régionale de l’URI Île-de-France. « Nous irons également interroger les militants présents dans la foule pour voir comment ils appréhendent cette question des discriminations liées au genre et à l’orientation sexuelle sur leur lieu de travail », poursuit Aurélie, qui appelle les militants « à venir participer, faire connaître l’engagement de la CFDT sur cette thématique et distribuer des goodies tout au long du parcours ». C’est important car ce rendez-vous militant annuel contribue à rendre visible, dans une ambiance festive et colorée, l’engagement de la CFDT en matière de lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre…
Les marches des fiertés 2024, ville par ville : https://federation-lgbti.org/presentation-federation-lgbti/marches-des-fiertes/
3. Devenu la Fédération CFDT Éducation Formation Recherches Publiques.
Le long combat de la FEP contre les dérives LGBTphobes
« La Fédération CFDT de la Formation et de l’Enseignement privés (FEP) lutte contre toutes les dérives qui peuvent exister dans l’enseignement catholique, notamment, et pour l’application de tous les textes ministériels sur le sujet dans les établissements privés sous contrat, explique Alexis Guitton, secrétaire national chargé du dossier. Dans le champ de la FEP comme dans la société en général, on est dans une période de crispation sur la question LGBT. Les exemples récemment médiatisés comme au collège Stanislas ou à Pau montrent qu’il a y encore beaucoup à faire. » Même si, heureusement, une grande majorité des établissements privés sous contrat respectent la loi, partout sur le territoire, les syndicats FEP, en lien avec la fédération, sont en alerte et agissent dès qu’il le faut. Avec des résultats comme l’interdiction récente dans le Var d’une conférence à destination de tous les enseignants du privé catholique par un évêque proche de Marion Maréchal.
« Mais le ministère n’est pas toujours proactif quand il s’agit de faire respecter ses propres textes par l’enseignement catholique sous contrat face à des pratiques ou des courants de pensée qui relèvent de la LGBTphobie face à des élèves trans ou qui s’interrogent sur leur genre ou leur sexualité », regrette Alexis. C’est pourquoi, « à chaque fois que nous avons un rendez-vous avec le ministère, nous remettons le sujet sur tapis, insiste Alexis. Il est hors de question de laisser l’enseignement privé sous contrat s’affranchir des lois de la République en ce qui concerne la prise en compte de la question LGBTQI+ ou l’éducation à la sexualité ».
De plus, « la fédération participe activement, notamment avec le Sgen-CFDT3, au Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire afin de faire évoluer les droits des élèves et des personnels LGBTI ». Depuis vingt ans, ce collectif, qui regroupe des organisations syndicales, des représentants de parents d’élèves, de lycéens et d’étudiants, œuvre pour la transmission des valeurs d’égalité et de non-discrimination dans les établissements publics et privés qui participent au service public de l’éducation. « Ce cadre est important pour nous permettre de peser ensemble de façon unitaire », insiste Alexis.