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Extrait de l’hebdo n°3931
Chez le leader des énergies renouvelables en France, la CFDT a été à l’initiative d’un des tout premiers accords découlant de l’ANI de 2023 relatif à la transition écologique et au dialogue social. Ledit accord acte notamment la création d’un “éco-workshop” associant les salariés à la mise en œuvre de la transition écologique au sein de l’entreprise.
1. Ce réseau a été créé en 2021 par la Fédération CFDT Communication, Conseil, Culture.
Chez Engie Green, filiale d’Engie de 650 salariés spécialisée dans la conception et l’installation d’énergies renouvelables (éoliennes terrestres et panneaux photovoltaïques), la transition écologique se trouve au cœur de l’activité, elle est même sa raison d’être. « Beaucoup de salariés ont rejoint Engie Green par conviction, précise d’ailleurs le délégué syndical Rémi Serveau. Cette entreprise a pour terreau des salariés engagés, voire très engagés, vis-à-vis des questions environnementales. » Pas étonnant, donc, qu’un noyau actif du réseau des Sentinelles vertes1 s’y soit implanté.
2. Ce dispositif vise à promouvoir l’intégration des parties prenantes (notamment les salariés) dans l’ensemble des projets.
Cette petite équipe de salariés et militants CFDT est d’ailleurs à l’origine de l’ouverture de la négociation qui a débouché sur un accord relatif à l’environnement et à la transition écologique, signé en mars 2024. De fait, l’entreprise avait déjà pris des mesures : un plan de mobilité verte (PMV) afin d’encourager les modes de déplacement vertueux est déployé depuis plusieurs années au sein d’Engie Green ; en outre, un accord d’entreprise mettant en place une indemnité kilométrique vélo (IKV) a été signé dès 2018. En 2022, Engie Green a même été la première société à obtenir la labellisation Transition énergétique durable2.
La participation des salariés à un “éco-workshop”
« Mais on voulait aller plus loin. Nous avions précédemment tenté d’inclure la dimension environnementale dans plusieurs accords chez Engie Green, par exemple l’intéressement… hélas, sans succès. Alors un petit groupe de cinq ou six Sentinelles vertes s’est constitué, début 2023, pour travailler sur des propositions d’actions concrètes. Cela a permis à mon prédécesseur, Rémi Molon-Noblot, de soumettre l’idée d’une négociation à la direction, qui a répondu banco », explique Rémi.
3. Responsabilité sociale/sociétale des entreprises.
Dix intenses séances de négociation plus tard – menées entre septembre 2023 et février 2024 par la direction et la CFDT comme seule organisation syndicale –, un accord était trouvé. Ses deux objectifs affichés sont les suivants : reparamétrer le cadre conventionnel en vigueur au sein de l’entreprise et contribuer à engager les salariés dans la sobriété énergétique et la transition écologique. Ce second point constitue d’ailleurs l’un des principaux intérêts de l’accord, puisqu’il acte la création d’un éco-workshop (un groupe de travail interne d’une quarantaine de salariés de l’entreprise) à la composition originale. Outre un représentant des équipes RSE3, des représentants syndicaux et deux membres de la commission environnement du CSE, ce groupe est constitué d’une vingtaine de salariés choisis pour leurs compétences techniques et une vingtaine d’autres volontaires.
Tous devront faire des propositions en rapport avec quatre thématiques : la décarbonation des métiers ; la diminution et la meilleure gestion des déchets ; l’amélioration du plan de mobilité verte ; les actions de communication et de sensibilisation auprès des salariés. Au préalable, le groupe de travail est chargé d’établir un état des lieux de la situation de l’entreprise en matière de transition écologique et d’effectuer un bilan carbone pour l’année 2022 (considérée comme l’année de référence) de la construction des parcs éoliens et des centrales solaires installées par l’entreprise. Les avancées de ce vaste et engageant programme seront étudiées par une commission de suivi.
Des moyens dédiés aux actions sociales et environnementales des salariés
L’implication des salariés en faveur de la transition écologique se voit favorisée grâce à l’attribution de temps dédié : sur le mode du mécénat de compétences, « un forfait de deux jours par an sera accordé à trente salariés d’Engie Green, afin de participer à des actions sociales et environnementales dans un contexte associatif », précise le texte de l’accord. Les salariés sont également incités à privilégier les « moyens de transport vertueux », y compris au cours de leurs déplacements professionnels. Le forfait mobilités durables a totalement redéfini le plan de mobilité verte (PMV) ; il accorde désormais 350 euros à chaque salarié qui, pendant l’année civile, réalise au moins 70 % de la distance entre son lieu de résidence habituel et son lieu de travail en utilisant soit le vélo classique ou électrique, la trottinette (ou le modèle électrique) ou le covoiturage. « Nous avons eu des heures et des heures de discussions passionnantes et passionnées pour définir ces conditions ! Nous avons notamment eu un grand débat sur la voiture électrique : pouvait-on la considérer comme faisant partie des mobilités douces ? Finalement, nous avons jugé que non, la voiture, quelle qu’elle soit, n’est pas un moyen de transport écologique », explique Rémi.
Bien entendu, les militants auraient voulu « aller encore plus loin, engager des actions qui permettent vraiment de changer les habitudes de transports, précise Rémi. Mais nous avons déjà réussi un accord qui évite le greenwashing. Compte tenu du profil des salariés, un simple verdissement de façade aurait été contre-productif ». Le travail des Sentinelles vertes et de la section CFDT d’Engie Green a en tout cas permis la signature d’un des tout premiers accords découlant de l’ANI du 11 avril 2023 relatif à la transition écologique et au dialogue social.