Sans surprise, le gouvernement annonce une nouvelle réforme de l’assurance chômage

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iconeExtrait de l’hebdo n°3914

Alors que la négociation “Pacte de la vie au travail” a été prolongée jusqu’au 8 avril, l’exécutif a fait le choix de maintenir son séminaire consacré au travail… avant de confirmer avant l’été une nouvelle réforme de l’assurance chômage.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 28/03/2024 à 15h06

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© Alexandra Bonnefoy/RÉA

Rien n’a réellement filtré du séminaire gouvernemental convoqué par Gabriel Attal, le 27 mars, avant que le Premier ministre ne s’exprime, le soir même, au journal de 20 heures de TF1. Chacun, pourtant, avait déjà compris les intentions d’un gouvernement qui répète à l’envi depuis plusieurs mois son souhait de réformer l’assurance chômage. Les partenaires sociaux ont beau n’avoir pas achevé leur négociation sur l’emploi des seniors (et autres aspects de la vie au travail), l’exécutif avance ses pions. Réunis à Matignon, les ministres ont ainsi planché sur la façon d’inciter à la reprise d’emploi et de désmicardiser la France. « Notre objectif reste d’arriver au plein-emploi », réaffirmait à la télé le Premier ministre quelques heures plus tard, et de « faire en sorte qu’il y ait davantage de gens qui travaillent ».

Une “réforme globale” voulue par l’exécutif

Comment ? En faisant « bouger le système » d’indemnisation des chômeurs au moyen d’une « réforme globale ». À cette fin, il a donc chargé la ministre du Travail, Catherine Vautrin, de « préparer de nouvelles négociations » afin que les organisations syndicales et patronales puissent travailler… laissant à penser qu’un nouveau document de cadrage gouvernemental (comme en 2019 puis en 2023) devrait leur être prochainement adressé.

Échaudés mais pas surpris, les syndicats n’ont pas tardé à réagir, à l’instar d’Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT chargé des questions d’emploi. « Le régime d’assurance chômage ne peut être une variable d’ajustement budgétaire ! », estime-t-il, tout en s’interrogeant sur la tentation de l’exécutif d’enterrer l’accord conclu par les partenaires sociaux, il y a tout juste quatre mois, qui ne leur convient manifestement pas…

Avant de négocier une nouvelle réforme de l’assurance chômage, la CFDT souhaite « une étude d’impact pour mesurer les effets des précédentes réformes » (2019 et 2023) conduites sous la présidence d’Emmanuel Macron. Des réformes qui n’ont eu comme seul effet que de « dégrader les conditions d’existence des personnes les plus éloignées de l’emploi et qui ont le plus de difficultés sur le marché du travail ».

Trois leviers possiblement actionnés par le gouvernement

Si, pour l’instant, Gabriel Attal s’est refusé à entrer plus dans le détail, il a néanmoins rappelé trois leviers sur lesquels pourrait peser la réforme. Premièrement, la durée d’indemnisation, actuellement fixée à dix-huit mois au maximum (celle-ci a déjà été réduite de 25 % au 1er février 2023 du fait de la conjoncture favorable du marché de l’emploi). « On voit qu’après un an, il y a beaucoup moins de reprises d’emploi », estime Gabriel Attal, justifiant ainsi la possibilité de réduire encore la durée d’indemnisation sans descendre en dessous du seuil des douze mois, laisse-t-il entendre.

Deuxièmement, jouer sur la durée de travail exigé pour percevoir l’allocation chômage. Actuellement, il faut avoir travaillé au moins six mois au cours des deux dernières années afin d’être indemnisé. « On peut imaginer dire qu’il faut travailler davantage sur les vingt-quatre mois ou bien apprécier les six mois sur une durée moins longue, par exemple de dix-huit mois. » Là encore, il s’agit d’un nouveau tour de vis, la durée d’affiliation ayant déjà été modifiée, avec pour conséquence une baisse de 14% du nombre d'ouvertures de droits mensuelles observée entre 2019 et 2022.

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

La troisième piste consisterait à réduire le montant de l’indemnisation et la manière dont la dégressivité s’applique au fil des mois. Sans vouloir « préjuger de la négociation », qu’il souhaite voir s’ouvrir rapidement, Gabriel Attal a, en quelques minutes hier, dressé le cadre. « On a un cap, une méthode et un calendrier », a-t-il rappelé, avant de préciser son souhait d’une « réforme présentée cet été pour une application à l’automne ».